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Notre vin de la semaine est un remarquable vin médaillé d’or, le premier et l’unique chardonnay de Saint-Emilion et de loin le « Vin de France » le plus cher jamais élaboré.

Baptisé La Cuvée Elena, ce chardonnay se présente dans un magnum sur mesure, produit par le verrier français Waltersperger.

À la fin du Global Chardonnay Masters en décembre dernier, alors que mes confrères juges Masters of Wine et moi-même dégustions la série finale des blancs fins fermentés en barrique, dans la catégorie de prix £50+, nous avons goûté quelque chose de délicieux mais d’inhabituel, nous poussant à nous demander d’où cela pourrait venir.

Le vin était fin, mais pas riche et beurré comme on pourrait l’attendre du meilleur chardonnay californien. Il n’était pas non plus tendu et fumé, comme les exemples australiens de la « nouvelle vague ». Et il n’avait pas les notes d’allumettes, de citron et de fleurs d’un grand bourgogne blanc.

Me rappelant avec plaisir le côté mûr mais frais du chardonnay produit par Gaja dans les Langhe DOC du Piémont, j’ai cru qu’il s’agissait probablement d’un vin italien.

Mais je me suis trompé. Quoi qu’il en soit, le but de notre dégustation n’était pas de deviner la région d’origine du produit, mais simplement d’en évaluer la qualité, et nous avons tous convenu que c’était certainement un chardonnay digne d’une médaille d’or.

À la fin de la journée, nous avons recherché les origines des vins les mieux notés, ainsi que de tous les autres vins que nous avions goûtés, et avons découvert que le vin en question provenait de Saint-Émilion – la patrie des grands vins rouges élaborés autour du merlot, mais non la patrie des blancs, et encore moins à base de chardonnay.

Même si quelques producteurs produisent des vins blancs dans cette région – le nouveau venu le plus notable étant le Château Cheval Blanc – leurs bouteilles ne peuvent être étiquetées qu’avec la mention Bordeaux blanc: le terme Saint-Emilion ne peut pas figurer sur l’étiquette.

Quant à notre échantillon, puisqu’il n’avait pas été produit avec des raisins bordelais traditionnels – qui sont bien sûr le sauvignon blanc et le sémillon pour les blancs – il ne pouvait même pas être étiqueté comme un Bordeaux, mais a dû être rétrogradé en Vin de France, terme fourre-tout pour les vins d’entrée de gamme, soit l’équivalent moderne de l’ancien Vin de table.

Mais il s’agissait d’un chardonnay planté sur un grand terroir: il provenait des vignobles du Château La Grâce Dieu Des Prieurs, une propriété qui bénéficie d’une situation exceptionnelle et qui compte entre autres, les Châteaux Figeac et Cheval Blanc comme voisins.

A l’évocation de ce nom, je me suis immédiatement souvenu du vin dont on m’avait parlé à Vinexpo Bordeaux en mai 2019. J’avais d’ailleurs écrit un article sur son lancement imminent, article que vous pouvez lire ici.

Ce qui est intéressant de noter ici, ce n’est pas seulement le fait que ce chardonnay, qui est issu d’une parcelle d’un hectare plantée en 2014, provient d’un terroir prisé – pour les raisins bordelais au moins – mais aussi qu’il est élaboré par une étoile montante et brillante parmi les vignerons: Louis Mitjavile (le fils de François Mitjavile, propriétaire et vigneron très respecté du Château Le Tertre Roteboeuf à Saint-Émilion).

Malheureusement pour ceux qui veulent le goûter, le millésime 2019 inaugural de cette rareté blanche a été réalisé en petites quantités: 1300 magnums uniquement. Ces derniers sont destinés à être vendus aux enchères, le propriétaire de la propriété, le milliardaire russe et champion d’échecs Andreï Filatov, insistant pour que les recettes de la vente soient reversées à des œuvres caritatives. Filatov est également amateur et collectionneur d’art.

Depuis que cet article a été publié pour la première fois, db a appris que 10 magnums seraient vendus à partir de mai au Royaume-Uni via le nouveau site Lymited.com, qui propose des articles de luxe. Chaque magnum sera vendu à 1300 £ et les bénéfices iront au Great Ormond Street Hospital (GOSH).

Pour conclure, voici une note de dégustation pour la Cuvée Elena 2019 :

Un vin intrigant aux arômes et saveurs de caramel, de pomme au four, de melon miel, d’abricot, de pain grillé et de chêne grillé. Le vin, bien que mûr en termes de fruits, ne présente pas la richesse beurrée qui peut assaillir le Chardonnay, mais plutôt une texture légèrement grasse et glissante et une note finale persistante, salée, fumée et fraîche. Assidu, intéressant et délicieux, même dans cet état de jeunesse.

Mon score : 94 points

Médaille au Global Chardonnay Masters 2020: or

Source : https://www.thedrinksbusiness.com/